Milan Kundera disait qu’il y a plusieurs manières d’être regardé. On peut être regardé par beaucoup de gens anonymes, on peut être regardé par peu de gens qui vous aiment où on peut être regardé par des gens absents dans le regard reste toujours sur vous dans vos pensées. Ce sont des gens qui ont disparu ou simplement qui se sont éloignés de votre vie mais donc vous continuez à sentir le jugement sur toutes choses et sur tous les choix de vie que vous faites. Il y a bien sûr les parents qui m’ont élevé et appris la vie mais qui ne sont plus là, mais aussi quelques amis qui ont contribuer à la formation de jugement à un âge où les amis comptent plus que la famille. De ces amis, que je qualifierais de petit pères, il y avait Jean-Noël Flammarion que j’ai connu à la fin de mes études au lycée Janson-de-Sailly. Cet ami je l’avais rencontré au début de l’année du bac assis à coté de moi au milieu de la salle de classe de terminale B. L’année du bac était une annnée spéciale pour les garçons de notre génération. C’est l’annèe ou on va enfin sortir de la psychose imposée d’avoir cet agrèment minimum de la bonne société. C’était un temps propice aux rencontres qui vont marquer votre vie. Celle d’un ami avec qui on va développer une comlicité pour explorer les interdits de notre condition de lycéen et des injonctions de notre famille.

Nous avions en commun le fait que nous n’avions pu intégrer la terminale du prestigieux lycée que par un piston au plus haut niveau car Jean-Noel était le fils d’une célèbre famille d’éditeur et mon père était censé être un ami personnel du ministre de l’éducation nationale. En fait c’était Mme Gelie la secrétaire d’Edgar Faure, célèbre politicien et ministre de l’éducation nationale de l’époque. J’avais son fils en ratant comme lui mon bac l’année précédente. J’avais voulu l’entrainer à monter un société pour faire je ne sais plus quel business et elle y avait mit le ho la en disant « Je sais comment ce genre d’aventure va se terminer et moi j’aurais cinquante mille francs de note de téléphone ». A l’époque on payait chaque coup de fil et le réléphone était le moyen de communication de prédilection des jeunes. « Si vous voulez revenir au lycée je peux vous y faire entrer  » et elle avait appelé le proviseur de Janson-de-Sailly en disant que mon père était un ami personnel de ministre. Mon père qui avait la politesse de l’ancien dipomate qu’il était avait apprécié la faveur et lui avait fait parvenir un énorme bouquet de fleurs et caisse ma Moet-et-Chandon. Cet situation de pistonné nous avait valu à mon nouvel ami et à moi d’être chaque trimestre convoqué chez le proviseur qui nous demandait comment allait nos parents.

À cet âge on ne fait pas trop attention aux classes sociales et pour mon copain j’étais plus ou moins du même milieu. Il y avait une grande complicité entre nous. On aimait critiquer les mêmes personnes, les Balkany, les Bolloré qui nous snobaient avec leurs bagnoles anglaises est leurs fringues de chez Renoma. On s’enthousiasmait sur les mêmes livres comme Belle du Seigneur et on était tous les deux des élèves moyens un peu à part du reste de la classe. Peut-être parce qu’on était les seuls pistonnés? Et puis est apparu le cannabis. L’année précédentes j’avais fumé du kif lors d’un réveillon de jour de l’an dans la cuisine de l’appartement de la soirée mais sans savoir ce que c’était. J’avais eu un peu la nausée mais j’en avais gardé un bon souvenir et le lendemain je m’étais réveillé en pleine forme. Les garçons qui faisait tourner les simcik de kif faisait partie de la bande d’un personnage connu au lycée. Kalfon avait fait scandale au lycée pour avoir les cheveux qui sur les épaules et des pantalons pattes d’éléphant qu’on appelait à l’époque pantalon marinette. La rumeur disait que c’était pour ça qu’il s’était fait virer, mais il est vraisemblable qu’il avait quitté Lycée pour faire de la musique. Il était même devenu vaguement connu avec son groupe de rock Kalfon et les Lemon. Ça va est-il seulement copié le nom du groupe américain? Pour la France, c’était pourtant ‪un assez bon groupe de rock, je les avais jouer avec Chuck Berry aux après-midis dansantes du dimanche du club Mimi Pinson sur les Champs Élysées. J’étais juste à côté de la scène et j’ai bien vu que Chuck les appréciait.‬

Je ne sais plus comment, mais je connaissais un motard du 16e qui se la jouait Hell Angels et que je retrouvais un jour dans un café à côté du lycée. Pierre est souriant, il me passa sous la table une petite boîte en plastique transparente avec un morceau de hashish. C’est avec cette trouvaille que dans ma chambre de bonne de l’appartement de mes parents à Neuilly, j’ai fait découvrir les joies du cannabis à mon copain Jean-Noël. Vous pouvait accéder à cette chambre au septième étage par l’escalier de service sans passer par appartement des parents. C’était mon domaine privé mais il suffisait de descendre deux étages pour la porte de service et le réfrigérateur de ma mère. Alors que complètement stone, Jean-Noël qui avait été élevé dans le respect de l’expression artistique, me regardais, peindre à la gouache et on rêvais à haute voix q’un jour, peut-être on deviendrait célèbre. Jean-Noël regrettait de ne ne pas avoir de talents de musicien ou d’artiste peintre mais espérait un jour pouvoir écrire. Il admirais des personnages comme Arthur Miller qui a eu le courage de tout lâcher pour suivre ses rêves et devenir un écrivain à Paris. Il y avait aussi en lui la graine de ce que j’ai pu contester constater par la suite qui était de la frustration et de volonté de puissance. Notamment lorsqu’il me parlait avec envie de la tirade époustouflante de Solal le héros d’Albert Cohen qui humiliiait la femme qui le snobait.

J’étais donc celui qui avait entraîné mon ami sérieux dans la débauche car, non seulement il faisait fumer du hashish mais aussi prendre du LSD. On avait fait un trip ensemble durant lequel on avait marché trois ou quatre heures durant de long en large entre le restaurant Le Doyen et le rond-point des Champs-Élysées. C’était un garçon beaucoup plus timide que moi et quand au pic du trip, il voulu aller aux toilettes il entra dans un café bondé en tenant comiquement en évidence à bout de bras un billet de dix francs comme pour se protéger. C’était aussi l’époque où la question des filles nous tarabustait. Plus entreprenant que lui j’avais réussi à brancher deux italiennes qui était en vacances et habitaient dans une pension tenu par des bonnes sœurs sur Lille Saint-Louis. Avec la mienne, j’avais eu droit à des ébats assez chaud ssur les bancs de la salle d’attente du couvent moais celle de Jean-Noël qui était beaucoup moins jolie lui menait la vie dure. Plus tard, il me raconta qu’il l’avait amené pour dans la superbe maison de grands bourgeois que ses parents avaient à Saint-Cloud. Sûrement impressionnée par la richesse des lieux, la fille était soudain devenu très conciliante. C’est alors, me dit-il, qu’il l’avait envoyé balader. J’avais trouvé ça mesquin.

Pourtant, c’était mon ami, celui qui avait toujours une réflexion raisonnable malgré les bêtises que je l’ai incité à faire. Pour mon bac, mon père m’avait acheté une jolie petite voiture anglaise de couleur brune, une MG, donc j’étais très fier. Le grand fantasme féminin de l’époque étaient un les suédoise grandes et blondes il est réputé beaucoup plus libéréeq que les françaises. Après avoir reçu l’approbation de ses parents qui m’ont examiné sur moi et ma voiture sur toutes les coutures, nous sommes donc partis en vacances en Suède. Après beaucoup de route et peu de contacts avec les habitants nous sommes arrivé à Stockholm. Une nuit ou il était pas rentré à l’hôtel m’avait raconté une fable à laquelle je n’avais pas cru où il aurait rencontré deux filles. Le chemin du retour avait été long et fastidieux, notamment sur les dangereuses autoroutes d’Allemagne. C’était ma voiture et je conduisais tout le temps et j’étais à bout de force et ce qui me faisait tenir, c’était de penser que j’étais responsable de la sécurité de mon copain qui dormait à côté de moi . J’avais passé une nuit épouvantable et les souvenir m’en était resté.

Des années plus tard alors que nous avions pris des chemins différents mais restés en contact sur mon initiative il était beaucoup trop sérieux pour la vie d’aventure dont je rêvais. Contrairement à moi, il avait fini ses études obtenu un prêt de la banque et monté une librairie sur son nom. Il avait rencontré une fille de son milieu qui me tolera un temps puis quand ils furent mariés ne manqua plus une occasion de me faire sentir tout son mépris. Cependant, toutes ces années, il est resté un ami fidèle, un petit père, donc je respectais les avis et les conseils. Il m’avait donné du travail quand j’en avais eu besoin et cette parenthèse de normalité fut agréable. À la poursuite d’une histoire d’amour, je vais entrepris de monter une finale de son business aux États-Unis. C’est là que les choses ont commencé à se gâter car en affaire il n’y a plus d’amis. Au bout d’un an, j’ai fait faillite et changer de vie. Quand je suis revenu des USA j’étais quelqu’un d’autre et notre relation était assez distante. Un jour pour lui dire combien je tenais à lui et à notre amitié, je lui rappelait la nuit où j’avais conduit en veillant sur sa vie. Il ne comprit pas de quoi je parlais et me dit « oui mais moi j’avais plus d’argent ». La dernière fois que je l’ai revu, c’était une un soir pluvieux et apparemment il avait des problèmes avec sa femme qu’il avait trompé et était complètement désemparé. Il faut dire que maintenant, il était père de trois filles, et que sa femme la duègne n’était pas commode Nous avons bu plusieurs bières dans un bar près de chez lui et j’avais branché de superbes jeunes autrichiennes pour lui remonter le moral. Quand il compris qu’elles étaient au pair chez sa tante il paniqua complètement. J’étais bourré, et la séparation fut violente. Après mes annnées à Los Angeles, le fossé culturel était trop profond. Pourtant, pendant toutes ces années, chaque fois que je faisais je prenais une décision importante ou qua je me mettais dans une situation délicate, je me demandais toujours ce qu’aurait pensé mon ami Jean-Noël. C’était le regard de l’absent dont parle Kundera et que je n’ai cessé de penser avoir sur moi.

On est définit par l’identité de la culture de son milieu et par la personnalités qu’elle nous a façonné. Des personnalité différentes peuvent s’accorder bien façons mais qu’un fossé de ressentis sépare. Alors que la famille mon copain était d’une bourgeoisie intellectuelle depuis des générations la mienne était celle d’un petit bourgeois parvenu à s’extraire de son milieu paysan à l’aide d’une bourse d’État. On ne peut échapper à la profonde identité de sa famille qui ressurgit dans vos manières et dans nos choix. Le grand-père de Jean-Noël été célèbre pour avoir écrit un ouvrage de vulgarisation scientifique est fondé la société d’éditions qui porte son nom. Mon grand-père était rouleur de vin, c’est-à-dire qu’il avait une charrette et un cheval et qu’il transportait des barriques de vin et de spiritueux entre le Gers et le Tarn-et-Garonne. Un touge en gascon est un petit buisson épineux qu’on trouve un peu partout dans la région. La famille Touge était une lignée de paysans léttrés remontant au moyen age et dont le plus célèbre des aieuls, qu’on appelait « el find’Introusset » car il devait être malin pour avoir été un des intendants du Conte de Toulouse.