J’avais eu un billet d’avion aller retour Paris/Los Angeles pour mille francs tout rond. C’était l’été et je n’allais pas très bien. Les mauvaises drogues et une rupture larvée m’avais préparé à un gros changement. Mon contact était un type étrange qui bien que père de famille avait des manières et de fréquentations homosexuelle. En 71 c’était le début de l’émancipation gaie et je me suis retrouvé à LA à habiter chez l’un d’eux et à en connaitre le milieu. Aimant les femmes plus que tout je n’avais aucun mal à repousser les occasionnelles avance. Clifton chez qui nous habitions était du genre folle gentille et très cool car je ne sais comment il avait hérité d’un gros paquet de la meilleure coke flake du Pérou qu’il distribuait allègrement. Il vivait à Laguna avec sa mère qui se terrait dans sa chambre et que nous ne voyions que rarement. L’Amérique gaie que je découvrait était une société complète et autonome avec ses stars et ses loosers et beaucoup d’intrigues auxquelles je ne comprenais pas grand chose. J’avais amené avec moi des tableaux de petit maitres que mon père avait acheté aux puces pour me donner la contenance d’un courtier en art. J’ai finit par échanger le dernier pour quelques grammes et un jour je suis parti avec une Javelin de location vers le nord. La coke aidant la sensation de liberté était fantastique et après une traversée planante du désert de Salinas je me suis retrouvé au matin à Santa Cruz ou je connaissais deux surfers que j’avais hébergés l’été dernier à Paris à leur retour de Biarritz en mobylette. Je n’aurais pas cru que l’Amérique soit si gaie.