C’est l’époque où l’herbe et le rock’n roll ont eu raison du rêve américain inventé par les juifs d’Hollywood dans les années cinquantes. Les GI rentrent du Viêt-Nam en cachette honteux d’avoir perdu la guerre et le pays ne les aiment pas. Nixon est sur la sellette pour une sombre affaire d’écoute téléphonique et de boucles d’oreilles pour sa fille. Cela fait un an que Maxfield est à Berkeley. Après avoir traîné sur le campus déprimé par l’ambiance post culturo-révolutionnaire bidon il est aller s’installer à Santa Cruz sur la côte au sud de San Francisco et bien qu’encore inscrità la l’université il a rejoint la communauté des surfeurs et ne fait pratiquement plus que du surf.
Charpentiers occasionnels ou travaillant dans l’unique usine de conserve de la ville, les surfeurs de Santa Cruz sont des prolétaires de pays riche et content de l’être. Parmi eux il y a un éboueur, Harry « le Lapin ». Toute la semaine il se lève à trois heures du matin pour faire les poubelles qu’il prend plaisir à balancer en faisant le plus de bruit possible pour dit-il « garder les bonnes gens en éveil sur leurs doigts de pieds « . À l’aube, quand la surface des vagues est encore glacée comme un miroir, il va faire du surf avant d’aller dormir. Avec ses lunettes noires et sa casquette de marin, il se pavane aux commandes d’un camion benne des services de la voirie comme s’il s’agissait d’un tank partant à l’assaut des restes encore fumants des luttes cannibales de la société de consommation. Il en est tellement fier qu’il l’emprunte à l’occasion pour aller chercher une petite amie. C’est lui qui à meublé la grande maison en bois de style victorien sur le port de Santa Cruz dont il partage le loyer avec une dizaine de surfeurs. Au moins dix vieilles télés et autant de frigos et autres beaux restes du consumérisme américain trouvés sur les trottoirs décorent la maison qui ressemble à une exposition de Joseph Beuys. La harbour house est connue dans la petite ville de Santa cruz par toutes le mamans de filles de seize ans. Diable, une dizaine garçons adolescents y habitent et le soir après le surf on peut les voir sur le porche de la maison s’aidant les uns les autres à enlever leurs combinaisons de latex isolantes et exhiber leurs corps de nageurs bronzés sur lesquels pendent de longs cheveux blonds.