Les étés au château de Saint-Pê à Puycasquier dans le Gers était chauds et envoutants. Peut être était-ce ces vieilles briques du XII siècle ou les vapeurs de la cave à Armagnac dont les futs suintaient depuis des années. Mes parents y avait habité avant la guerre avec une soeur de ma mère Laure et son mari Robert Ligier. Oncle Robert était un inventeur, un aviateur et un ingénieur. Comme il était président de l’aéroclub de Auch nous étions avec son fils Jean-Pierre souvent sur le terrain à regarder décoller et atterrir les Jodels d’école. Dans le hangar il y avait un gros avion de bois et de toile d’un groupe d’aviateurs compagnons de Saint Exupery  et nommés Mousquetaires qui avait fait un raid à travers l’Afrique dont on pouvait voir la carte peinte sur la carlingue. Le soir quand on rentrait à la nuit tombée mon cousin et moi pouvions conduire la DS19 de l’oncle Robert sur les petites routes désertes du Gers. Le château était grand et pas chauffé. Le soir, même en été on se glissait dans un lit glacé malgré l’édredon. J’y dormait avec délices de dix à onze heures par nuit avec le chat pour me tenir chaud. Le matin était magiques et au cris de oiseaux je marchais pieds nus encore en pyjama avec une petite carabine qui tirait des cartouches de petits plombs de neuf millimètres et que j’avais acheté trente sept francs dans la boutique du coiffeur du village qui vendait aussi quelques articles de pêche et de chasse. J’avais bien l’intention de chasser mon dîner et après quelques tirs infructueux je tuais un gros oiseau bleu et noir. Ramené à la maison je le déplumais pour le faire cuire à midi. Comme il était grand et beau vivant et et si petit et si laid une fois mort! J’en ressenti une grand tristesse et c’est la mort dans l’âme que je m’efforçais de manger ce maigre repas. La carabine pouvait aussi tirer des balles rondes et je me suis sérieusement fais engueulé pour avoir tiré sur les faïences d’électricité et les gouttières du château qui ralentissaient la balle pour qu’on puisse entendre son sifflement. Je n’ai plus jamais chassé de ma vie.